Depuis 1843, sur une parcelle du sud-est de l’Angleterre, des chercheurs sèment du blé chaque année pour comprendre comment le sol, les fertilisations, la rotation ou les variétés influencent les rendements.
L’essai s’appelle Broadbalk, et c’est tout simplement le plus vieil essai agricole du monde.
Les données couvrent près de 170 ans d’histoire agricole, traversant la révolution industrielle, l’introduction des engrais chimiques, les variétés à paille courte, les herbicides, les fongicides...
Une vraie mine d’or pour comprendre comment construire des systèmes agricoles résilients et durables.
L’essai est composé de plusieurs bandes de parcelles, cultivées chaque année en blé, avec des pratiques différentes testées en parallèle :
Chaque modalité est répétée sur plusieurs bandes, année après année, ce qui permet une analyse à long terme très robuste, rare en expérimentation agronomique.
Le graphique ci-dessus synthétise 170 ans de rendements selon les différentes modalités :
→ Nil (non fertilisé) : autour de 1 t/ha sur toute la période. Aucun progrès visible.
→ FYM uniquement : rendements modérés, mais très stables, autour de 3 à 6 t/ha.
→ Engrais minéraux seuls (96 à 288 kg N/ha) : rendements croissants jusqu’aux années 2000, puis plafonnement.
→ FYM + NPK (avec rotation) : meilleures performances (jusqu’à 13,8 t/ha), notamment après 2000.
→ Blé en rotation vs blé continu : la rotation surpasse systématiquement le blé continu, même avec la même fertilisation.
Les rendements des parcelles fertilisées régulièrement avec du fumier de ferme (FYM) sont toujours supérieurs à ceux des autres modalités, même plusieurs années après l’arrêt des apports. Le sol a été structuré et enrichi biologiquement de façon durable.
👉 Investir dans la fertilité organique, c’est investir dans le futur. L’effet résiduel est réel et mesurable.
Les parcelles en blé continu non fertilisé stagnent autour de 1 t/ha depuis plus d’un siècle, sans amélioration, même avec le progrès variétal. En revanche, dès qu’on introduit une rotation avec une culture de rupture (légumineuse, prairie temporaire…), le rendement double voire triple.
👉 Ce n’est pas un dogme agronomique : c’est du rendement mesuré, année après année.
Le rendement record sur l’essai (13,8 t/ha en 2014) a été obtenu avec une combinaison : fumier + engrais minéral équilibré (NPKMg), dans un système en rotation, avec la variété moderne Crusoe.
Les apports organiques améliorent la structure du sol, et les minéraux corrigent les carences ponctuelles. Ce n’est pas l’un contre l’autre, mais l’un avec l’autre.
👉 C’est la synergie organique + minéral, associée à une bonne rotation, qui fonctionne le mieux.
L’introduction des variétés à paille courte (années 60-70) a permis un saut de rendement, grâce à une meilleure réponse aux intrants et une résistance à la verse.
Mais depuis les années 2000, malgré des doses d’azote jusqu’à 288 kg/ha, les gains stagnent. Les limites physiologiques sont atteintes, à moins d’améliorer l’ensemble du système.
👉 Les intrants ne peuvent pas tout. Le progrès technique, aujourd’hui, passe par une vision système.
✔️ Un bon système repose sur plusieurs piliers : sol, rotation, apport équilibré, choix variétal.
✔️ La fertilité organique est un levier long terme, surtout combinée au minéral.
✔️ Les rotations sont un accélérateur de productivité, pas une contrainte.
✔️ L’azote atmosphérique, ce n’est plus ce que c’était.
✔️ Les intrants ont des limites si le système ne suit pas.
👉 Les données complètes de l’essai sont en accès libre :
Ensemble de données : Rendements moyens à long terme du blé d'hiver Broadbalk 1852-2022
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👉 Notre volonté est d’apporter de l’importance à la prise en compte de trois facteurs qui sont indispensables pour faire progresser un système : l’Homme, le sol et la plante. Nous construisons une méthode solide et personnalisée, qui saura s’adapter à chaque ferme pour combiner performance et protection du sol grâce à des pratiques simples et maitrisées.