L'agriculteur dans la civilisation
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Performance à court terme, résilience à long terme : l'importance du calcium et de la matière organique 🌿

Roméo Vezo
20/10/22

Dans un contexte exigeant aux niveaux économique et climatique, chaque décision compte.

Faut-il investir dans des apports durables ou préserver la trésorerie immédiate ? Faut-il miser sur la performance de l’année ou sur la solidité du système à 10 ans ?

Nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. Et aujourd’hui, je vous propose de prendre un peu de recul… en regardant votre sol comme vous regarderiez votre propre santé.

Ce que le sol et le corps humain ont en commun

Dans cette première partie, faisons une analogie entre la santé humaine et la santé du sol.

Prenons l’exemple du corps humain :

👉 Sans oxygène, c’est l’urgence : quelques minutes et tout s’arrête.
👉 Sans eau, vous tenez quelques jours.
👉 Sans nourriture, quelques semaines.

💡 Mais si vous ne faites pas de sport, que vous avez une alimentation déséquilibrée sur le long terme ou que vous accumulez les substances toxiques, vous ne vous effondrez pas tout de suite. Ce sont des années plus tard que le corps vous envoie la facture : douleurs articulaires, perte de mobilité, maladies chroniques… et souvent, sans comprendre exactement d’où ça vient et quand cela a réellement commencé.

Le sol fonctionne pareil :

🌱 L’azote, c’est comme l’oxygène : effet immédiat sur le rendement, indispensable pour assurer la performance technico-économique de la campagne.
🌱 Les autres éléments majeurs (P, K, Mg, etc.) sont l’équivalent de l’hydratation.
🌱 La vie biologique et la matière organique, c’est l’alimentation équilibrée : ce qui fait tourner le système.

Et le calcium ?

💡C’est l’équivalent du sport, du sommeil, de l’hygiène de vie. Ce n’est pas le plus visible à court terme, ce n’est pas toujours rentable sur une ligne de compte en année N, mais c’est ce qui garantit la stabilité, l’équilibre et la capacité du sol à bien fonctionner dans le temps.

C’est aussi souvent la première chose que l’on sacrifie quand les finances sont serrées. Pourtant, quand le sol commence à se dégrader : tassement, blocage d’éléments, détérioration de la structure… il est souvent déjà trop tard pour corriger rapidement.

L’essai de Versailles : 85 ans d’essais agronomiques pour mieux comprendre le long terme

Un essai longue durée de l’INRA a débuté en 1928 et se poursuit encore aujourd’hui.

💡 Objectif : mesurer les impacts à long-terme de l’application de différents types d’engrais NPK et amendements (CaCO3, MgCO3, scories) sur des sols limoneux.

Il comporte 42 parcelles de 2 x 2.5 m et inclut 16 traitements différents en 2 répétitions, ainsi que 10 parcelles témoins sans aucun apport.

Depuis 85 ans, sont effectués des apports annuels d’engrais et amendements à dose fixe, un maintien des parcelles sans végétation et bêchage de l’horizon de surface deux fois par an (printemps, automne).

Voici ce qu’on apprend :

1️⃣ Le calcium préserve la fertilité chimique des sols

Sur les parcelles ayant reçu des amendements calcaires (CaCO₃, MgCO₃, scories) : la capacité d’échange cationique (CEC) est restée stable ou a même augmenté.

Sur celles qui n’en ont pas reçu, la CEC a chuté de 50 % dans les parcelles avec engrais ammoniacaux et de 40 % dans les témoins sans apport.

👉 Le calcium joue un rôle essentiel dans l’équilibre chimique à long terme.

2️⃣ Le calcium améliore la structure physique du sol

L’indice de dispersion est plus élevé pour les modalités avec engrais ammoniacaux et sels neutres ; et plus faible pour les modalités avec amendement basique et fumier.

👉 La structure est plus grumeleuse, plus aérée, plus vivante.

👉 Les amendements et apports organiques améliore la structure du sol sur le long terme.

3️⃣ La teneur en carbone organique a baissé dans toutes les parcelles (jusqu’à 65% de moins qu’à l’origine) sauf celle avec apport de fumier

👉 En l’absence d’apports organiques, le carbone du sol est essentiellement stable (turn‐over long = décennies, siècles).

👉 Sans racines, la matière organique labile diminue rapidement pour laisser place à de la MO stable.

👉 Cela montre l’intérêt de la couverture végétale pour remonter les taux de MO dans les sols (les racines produisent 2,5 fois plus de MO que les parties aériennes).

Calcium : une dépense ou un investissement ?

Ce que montre cet essai, c’est simple : le calcium ne booste pas la culture à 3 jours… mais il conditionne la capacité du sol à bien répondre aux apports pendant 10 ou 20 ans.

Oui il y a un coût immédiat, mais les bénéfices, eux, sont durables :

🌿 Moins de tassement.
🌿 Moins de blocages nutritionnels.
🌿 Moins d’intrants gaspillés.
🌿 Une fertilité plus résiliente.
🌿 Un sol plus facile à travailler.

Dans un contexte de volatilité économique et climatique, c’est un choix stratégique !

Pour aller plus loin :

Les 42 parcelles de l’Inra de Versailles depuis 1928 : une expérimentation de longue durée, unique au monde

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